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amené peut également revenir.... pour l’enlever à ton amour et à tes embrassemens… ! » — Elsa d’abord révoltée de cette basse insinuation, s’éloigne brusquement d’elle ; mais, par une réflexion pleine de candeur, elle revient vers Ortrude et lui dit doucement : « Oh, malheureuse ! tu ne comprends donc pas avec quelle confiance j’aime !… que je te plains de n’avoir jamais connu le bonheur qu’on ne trouve que dans la foi.... Oh, viens, viens, auprès de moi !.... apprends à croire ! car il est des félicités sans repentir ! »

Ortrude a passé le seuil de cette porte, que la miséricorde et le pardon ouvraient à son indignité. Le silence de la nuit s’établit, jusqu’à ce que le jour commence à poindre. On entend alors les sentinelles au haut des tours en donner le signal, et le son de leurs trompettes est répété dans le lointain par les postes suivans, en formant un très-heureux effet d’écho. Cette courte phrase rhythmique, est développée dans l’orchestre par les cors et les bassons, auxquels se joignent peu après, les instrumens à vent, sur une tenue de pédale de l’accord de , de près de trente mesures, durant lesquelles le crescendo d’animation correspond à l’éclat de la matinée qui s’avance. Pendant ce temps les portes de la ville s’ouvrent ; des bourgeois et des soldats entrent, sortent, se rencontrent, se croisent sur la place toujours