Page:Liszt - Pages romantiques, 1912, éd. Chantavoine.djvu/111

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entrepris la publication d’une collection d’airs classiques, afin d’opposer à ce qu’il appelle la décadence de la musique moderne, un modèle d’antique pureté, et d’élever comme une digue sacrée contre le débordement des fioritures italiennes, et des froides compilations françaises, l’auguste légitimité, la majesté sans tache des noms de Haendel et de Palestrina ; se vouant ainsi dans l’art, comme il l’a fait en politique, au culte d’un passé qu’il admire avec exclusion, sans tenir compte du présent, qu’à son insu il sert par cette exclusion même.

Aussitôt que je saurai au juste la partie du monde qu’habite mon illustre ami George, vous recevrez les cinq ou six livraisons parues de l’intéressante publication du vendéen.

Mais revenons aux détails du concert.

Derrière une balustrade à draperies blanches, ornées de festons et de fleurs en manière d’autel de première communion, s’élevait sur des gradins le bataillon des violons, hautbois, fagotti et contrebasses, qui exécutait l’ouverture favorite de la Dame Blanche, pendant qu’un énorme lustre à quinquets laissait tomber à intervalles mesurés et comme en cadence, de larges gouttes d’huile, sur les chapeaux roses et blancs des élégantes Genevoises. Puis, le prince Belgiojoso, si apprécié, si choyé dans les salons de Paris, chanta avec un goût parfait plusieurs morceaux de Bellini, le ravissant Lied (Staendchen) de Schubert, et aussi une romance italienne (l’Addio) dont les paroles et la