Page:Liszt - Pages romantiques, 1912, éd. Chantavoine.djvu/112

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musique ont été écrites par lui en l’honneur de la charmante comtesse M… ; sa voix pure et vibrante, sa méthode simple et franche, firent sensation ; une triple salve d’applaudissements le suivit lorsqu’il quitta le piano, et aujourd’hui dans tout Genève il n’est question que de l’artiste grand seigneur, dont les idées libérales se traduisent en œuvres libérales, et qui, sans renier la couronne fermée que ses ancêtres lui ont transmise, se fait une gloire de lui superposer la couronne plébéienne qu’on ne décerne qu’à l’aristocratie de l’intelligence et du talent.

C’est notre vieux camarade et disciple, le jeune Hermann de Hambourg (illustré par vous sous le nom de Puzzi) qui l’accompagnait. Sa figure pâle et mélancolique, ses beaux cheveux noirs et sa taille frêle contrastaient poétiquement avec les formes assurées, la chevelure blonde, le visage ouvert et coloré du prince. Le cher enfant a fait de nouveau preuve de cette entente précoce, de ce sentiment profond de l’art qui le sortent déjà de la ligne des pianistes ordinaires, et me font présager pour lui un brillant et fécond avenir. Dans un morceau à quatre pianos exécuté par MM. Wolff, Banoldi, lui et moi, il a été vivement applaudi, et je ne serais pas étonné d’apprendre que plus d’une jolie petite demoiselle ne se soit sentie attendrie pour lui de quelque naïve et ardente passion ; je ne répondrais pas non plus que maint cahier de grammaire ou d’histoire ancienne n’ait eu sur ses pages clas-