Page:Liszt - Pages romantiques, 1912, éd. Chantavoine.djvu/298

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une statue de neige. La voix de Mlle Ungher est étendue, juste et flexible. Musicienne consommée, elle aborde avec facilité tous les rôles, le répertoire bouffe lui est aussi familier que le répertoire tragique, et l’universalité de son talent est aussi exceptionnelle que sa profondeur.

Mme Garcia[1], entrée beaucoup plus récemment que Mlle Ungher dans la carrière dramatique, est encore dans cette heureuse période où l’artiste peut en appeler de la critique à l’avenir. Assez jeune pour que sa voix remarquablement pure, ronde et fraîche n’ait de bien longtemps rien à redouter des années, elle doit nécessairement gagner par le seul travail de l’expérience. Une certaine négligence comme mêlée d’embarras dans son jeu, quelque inégalité dans son chant, le plus souvent plein de charme et jusqu’aux erreurs de ses ajustements (chose à laquelle le public italien est peu attentif) disparaîtront sans nul doute en présence du public parisien, le plus exigeant de tous en matière de goût. C’est aussi à ce public qu’elle va demander prochainement des enseignements, des encouragements et des récompenses. Le nom qu’elle porte est d’un heureux augure.

Décidé à ne jamais vous parler sur ouï-dire, je nommerai seulement ici pour mémoire Mme Boccabaditi et Mme Giuditta Grisi et Schutz.

Je vous ai dit mon opinion sur Mme Schober-

  1. Mme Pauline Viardot Garcia (1819-1910).