Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/112

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si comme je pense, me obeist plus. — Voire, dist le tiers, mectons une fermaille, laquelle obeyra mieulx et qui mieulx fera au commandement de son mary. — Je le vueil, firent les autres. Sy fut mise la fermaille, et jurèrent tous trois que nul ne advertiroit sa femme, fors dire : Ce que je commanderay soit fait, comment que ce soit.

Si vindrent premierement chez l’une. Sy dist le seigneur : Ce que je commenderay soit fait, comment que ce soit. Après cela le seigneur dist à sa femme : Sailliez en ce bassin. — Et elle respondit : A quoy, ne à quelle besoingne ? — Pour ce, dist-il, que je le vueil. — Vrayement, dit-elle, je sauray avant pourquoy je saille. Si n’en fist rien ; si fut le mary moult fel, si luy donna une buffe. Après ilz vindrent chiés le second marchant et dist, ainsi comme dist l’autre, que son commandement feust fait, et puis d’ilec ne demoura guères après qu’il la commanda à saillir ou bacin. Et elle dist : Pourquoy ? Et au fort elle n’en voult riens faire, et en fut batue comme l’autre.

Si vindrent chez le tiers marchant. Si estoit la table mise et la viande dessus. Si dist aux autres en l’oreille que après mengier il lui commanderoit à saillir ou bacin. Et se misrent à table, et le seigneur dit devant tous que ce que il commanderoit feust fait, comment qu’il feust. Sa femme, qui le amoit et le craignoit, oyt bien la parolle ; sy ne sçeut que penser. Si advint que il mengèrent oeufs molès, et n’y avoit point de sel fin sur la table. Sy va dire le mary : Femme, saul sur table ; et la bonne femme, qui ot paour de luy desobeir, saillit sur table et abati table et viandes, et vin et voirres, et escuelles, tant que tout ala par la place. Comment,