Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/122

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cousines, honnie soit elle qui ne dira vérité par bonne compaignie, se il y a nulle de vous qui en ceste année feust priée d’amours. — Vrayement, dist l’une, je l’ay esté depuis un an. — Par ma foy, dist l’autre, si ay-je moy. — Et moy aussi, se dist la tierce. — Et dist la plus apperte : Honnie soit elle qui ne dira le nom de celluy qui derenierement nous pria. Par foy, se vous dictes, je vous diray. Sy se vont accorder à dire voir. — Vraiement, dist la première, le derrenier qui me pria fust Bouciquaut. — Vraiement, dist l’autre, et moy aussi. — Et, dist la tierce, si fist-il moy. — Vrayement, distrent les aultres, il n’est pas si loyal chevalier comme nous cuidions. Ce n’est que un bourdeur et un trompeur de dames. Il est céans ; envoyons le querre pour luy mettre au nez ce fait. » Sy l’envoyèrent querre, et il vint ; si leur demanda : « Mes dames, que vous plaist ? — Nous avons à parler à vous ; scez vous cy. » Sy le vouloient aire seoir à leurs piez, mais il leur dist : « Puis que je suis venus à vostre mandement, faictes-moy mettre des quarreaulx ou un siege à moy seoir ; car, se je me seoie bas, je pourroye rompre mes estaches, et vous me pourriez mettre sus que ce seroit aultre chose. » Si convint que il eust son siege, et quant il fust assis, icelles, qui bien furent yrées, sy vont dire : « Comment, Bouciquaut, nous avons esté deçeues du temps passé, car nous cuidions que vous fussiez voir disant et loyal ; et vous n’estes que un trompeur et un moqueur de dames ; c’est vostre tache. — Comment, ma dame, savez-vous que j’ay fait ? — Que vous avez fait ? Vous avez prié d’amours belles cousines qui cy sont, et sy avés vous moy, et si