Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que vous aiez, quel tort vous fais-je ? Ma dame, je ne suis pas si legier en parler comme vous estes. » La dame escouta et ama mieux ne avoir jà parlé, ne estrivé à lui, pour plusieurs raisons que je ne dy pas, lesquelles j’ay ouy compter qu’il en fust assez parlé, et distrent plusieurs que trop grant appertise n’a mestier, et il luy vaulsist mieux à soy estre teue. Et pour ce a cy bon exemple : car il vault mieulx aucunes foys soy taire et soy tenir plus humblement que estre trop apperte ne commancier parolles à telz gens qui ont parolles à main et qui n’ont nulle honte de dire parolles doubles à plusieurs entendemens. Et pour ce regardez bien à qui vous emprendrez à parler, et ne leurs dittes point de leur desplaisir, car l’estrif d’eulx est moult périlleux.




Chappitre XXIIIe
Cy parle de Bouciquaut et de III dames, comment il s’en chevit.


Encore vous parleray de ceste matière, comment il avint à Bouciquaut que trois dames lui cuidoient faire honte, et comment il s’en chevit. Bouciquaut estoit saige et beaul parlier sur tous les chevaliers, et si avoit grant siècle et grant senz entre grans seigneurs et dames. Sy advint à une feste que trois grans dames se seoient sur un comptouer et parloient de leurs bonnes adventures, et tant que l’une dist aux autres : « Belles