Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/138

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

saint homme leurs advisions de point en point, et le preudomme, qui moult estoit saiges et de sainte vie, leur declara tout leur fait, et dist au chevalier : « Sire, vous et vostre femme estes les porcs noirs qui gardiez le pertuis et l’entrée du pastis que les brebis n’y alassent paistre, ne que ilz ne mangeassent de la bonne pasture, c’est-à-dire que vous, qui estes seigneur de la parroisse où vous demeurez, avez destourbé les paroissiens et les bonnes gens de ouir le saint service de Dieu, qui est pasture et repaissement de vie, especialement de la vie de l’ame, par vostre paresse et par vostre repos, qui dormez le jour comme porcs ; et les cornes que vous aviez estoient les branches de pechié, et par espécial les grans pechiez que vous faictes à faire perdre à aultruy le bien fait et le service de Dieu, que vous ne povez amender fors que par grant tourment. Et pour la vengence du meffait vous est demonstré que vous en serez chaciez et tourmentez des ennemis d’enfer, et pris et malz par pure chace, si comme vous feustes par vostre advision, et sy vous dy certainement qu’il vous vaulsist mieulx cent fois pour une ne ouir point de messe que la tolir aux autres ne que oster au prestre sa devocion. Car, quant il attendoit trop longuement, il se couroucoit ou pechié d’ire, dont les uns vont en la taverne, les aultres s’en vont et les aultres perdent leur devocion, et parfois le prestre s’en yre et pert sa bonne devocion, et chante sur son peril ; et tous ces pechiez et ces maulx viennent par vous et par vostre pechié de paresse, dont vous en rendrez compte, et en serez chacez, tourmentez, prins et mis à mort, c’est à dire en