Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/178

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pour cellui pechié mortel, pour chacune foiz que l’en le fait, l’en est VII ans ou feu et en flambe en purgatoire, non obstant la confession. Sy prenez icy, belles filles, exemple comment celluy faulx delit est chier acheté, et comment il convient une foiz le comparoir, et aussy de celles qui ont tant de robes et qui mestent tant du leur pour elles parer pour avoir les regars du monde et la plaisance des gens. C’est un grant alumail, dont l’en chiet voulentiers au pechié d’orgueil, et de cellui d’orgueil en cellui de luxure, qui sont les deux pires pechiés qui soient, et que Dieux plus het. Et or regardez comment il en prist à la première femme du chevalier, qui en fut dampnée et perdue, et toutesfois en a-il maintes par le monde, qui ont bien le cuer à faire acheter une robe de LX ou de IIIIxx francs ; mais elles tendroient à grant chose se elles avoient donné pour Dieu un seul franc ou une cote d’un franc à un povre homme ; or regardez comment celles qui ont plusieurs corsès et robes, dont elles se passeroient bien de moins, comment elles en respondront estroietement une fois. Et pour ce, toute bonne femme, selon ce qu’elle est et selon sa puissance, s’en doit passer au mains qu’elle puet, et donner pour Dieu le seurplus pour estre vestue en l’autre siècle, si comme firent les saintes dames et les saintes vierges, comme racontent leurs legendes, comme de sainte Elisabeth, de sainte Katherine et de sainte Agathe et de plusieurs, qui donnèrent leurs robes et leurs biens aus povres pour l’amour de Dieu. Et a cestes exemple le doivent faire toutes bonnes femmes. Or vous ay parlé des deux premières femmes