Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/85

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en service de Dieu, qui vous gardera et guerredonnera au double, et, se vous ne pouvez jeuner les trois jours, au moins jeunez au vendredi en l’onneur du précieux sanc et de la passion Jhesucrist que il souffry pour nous, et, se vous ne le jeunez en pain et en yaue, au moins n’y mengiez point de chose qui preingne mort, ar c’est moult noble chose, comme j’ay ouy racompter à un chevalier qui ala en une bataille de Crestiens et des Sarrasins. Il advint que uns crestiens ot la teste coupée d’une gisarme toute dessevrée du corps ; mais la teste sy crioit et demandoit confession, tant que le prestre vint, qui la confessa et lui demanda par quelle mérite c’estoit que elle pouvoit parler sans le corps, et la teste lui repondit que nul bien n’estoit fait à Dieu qu’il n’empétrast grace, et qu’il s’estoit gardé le mercredi de mengier char en l’onneur du filz de Dieu qui y fut vendu, et le vendredy il ne mengoit de chose qui prensist mort, et pour ce service Dieu ne vouloit pas qu’il feust dampné ne que il morust en un pechié mortel, dont il ne s’estoit pas confessé. Si est bon exemple qu’il se fait bon garder de mengier chose qui prengne mort au vendredi.

Et après, belles filles, fait bon jeuner le samedy en l’onneur de Notre-Dame et de sainte virginité qu’elle vous veuille empétrer grâce à garder nettement vostre virginité et vostre chasteté à la gloire de Dieu et à l’onneur de voz ames, et que mauvaise temptacion ne vous maistroye. Et si est moult bonne chose et moult noble de jeuner l’un des deux jours en pain et en yaue, qui est grant victoire contre la chair et moult sainte chose. Et si vous dy pour vérité que il ne chiet que à vostre voulenté