Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/84

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à jeun, et pour ce il advint que Dieu l’en guerredonna et lui donna un bon chevalier riche et puissant, et vesqui avecques luy ayse et honnorablement. Sy avint que leur père, qui moult estoit proudomme, les ala veoir toutes deux ; si trouva chiez l’une grans honneurs et grans richesses et y fut receu moult honnorablement, et chiez l’autre, qui avoit l’eueil trait, il y trouva l’arroy et le gouvernement nice et malostru. Dont, quant il fut revenuz à son hostel, il compta tout à sa femme et lui reproucha qu’elle avoit perdue sa fille, tant l’avoit couvée et nourrie chierement, et lui avoit laissié la resne trop longue en lui laissant faire toute sa voulenté, par quoy elle estoit en dure partie.

Et par cest exemple est bon de servir Dieu et ouir toutes les messes que l’on puet oyr à jeun, et prendre en soy honneste vie, de boire et de mangier ès droictes heures d’entour prime et tierce, et de souper à heure convenable, selon le temps ; car telle vie, comme vous voudrez tenir et user en vostre jonnesce, tenir et user la vouldrez en vostre vieillesce.




Cy parle comment toutes les femmes doivent juner
Chappitre VIIe


Après, mes chières filles, vous devrez jeuner, tant comme vous serez à marier, trois jours en la sepmaine pour mieux donter votre chair, que elle ne s’esgaye trop, pour vous tenir plus nettement et saintement