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Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/60

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son expérience religieuse, et aussi des données juives, transformées par sa foi et interprétées en vue des Gentils, il affirme la préexistence éternelle du Messie, et il formule la théorie de la rédemption. Dans ses dernières Epîtres, il en vient à identifier plus ou moins le Christ à la Sagesse éternelle, lui attribuant une fonction cosmique, comme la théorie de la rédemption lui attribue une fonction humanitaire. L’auteur de l'Épître aux Hébreux fait de même, sous des symboles et des termes un peu différents. Cette double théorie, cosmologique et sotériologique, ne pouvait manquer d’entrer dans la tradition évangélique, et elle y est entrée. La doctrine de la rédemption s’accuse dans Marc [1] ; celle du Christ éternel, Sagesse du Père, agent de toutes les œuvres divines, s’insinue dans Matthieu et dans Luc [2] en attendant qu’elle trouve sa formule définitive dans l’Evangile johannique.

Ainsi se forme peu à peu, dans l’atmosphère de la foi, au-dessus de ce qu’on peut appeler

  1. Cf. MARC, X, 45 ; XIV, 24.
  2. MATTH. XI, 27 ; Luc, X, 22.