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Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/61

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la réalité historique de l’Evangile, au-dessus même de son idéalisation messianique, le dogme qui veut en déterminer le sens providentiel, la portée universelle, la transcendante efficacité. On doit dire cependant que l'élément messianique, dominant dans Marc, est encore le plus apparent dans Matthieu et dans Luc ; la théorie du salut universel, exprimée dans les Synoptiques, ne fait que les pénétrer de son esprit et se juxtaposer aux matériaux traditionnels, que le messianisme a influencés plus profondément ; et la théorie du Christ éternel, de la Sagesse divine, révélée en Jésus, se manifeste plus discrètement encore. C’est seulement dans le quatrième Evangile que la doctrine du Christ, agent intermédiaire de la création et sauveur des hommes, après s’être nettement définie dans le prologue [1], se propose librement dans les discours qui se substituent aux sentences traditionnelles qu’elle veut interpréter, et dans les récits symboliques qui se substituent aux miracles messianiques pour signifier l’action illuminatrice et éternellement vivifiante du Verbe incarné.

  1. JEAN, I, 1-18.