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Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/94

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inquiet pour les besoins corporels, mais le travail même qui est défendu ou déconseillé. Et si l'on doit demander à Dieu le pain quotidien, ce n’est point parce que cette prière ne témoigne que de la confiance en Dieu, sans inquiétude pour soi-même ; c est que celui qui prie s’en rapporte entièrement à Dieu pour sa propre subsistance. A l’absolu de l’espérance concernant le prochain avènement du royaume des cieux correspondent l’absolu du renoncement exigé pour y être admis, et l’absolu de la confiance dans celui qui nourrit les oiseaux du ciel, et qui doit subvenir à la nécessité des hommes, ses enfants. Qu’un tel programme n’ait pu être imposé en toute rigueur à tous, même pendant le ministère de Jésus, et qu’on y ait dérogé plus encore après lui, nul ne peut s’en étonner ; mais ce n’est pas raison pour introduire dans la pensée du Maître les tempéraments que la force des choses et les conditions réelles de l’existence ont obligé de mettre à son application. Il était également nécessaire au succès de l’Evangile qu’il eût, à son début, ce caractère entier, simple, sans nuance, et qu'on y fît ensuite toutes les modifications réclamées par le changement des circonstances,