Page:London - La Peste écarlate, trad. Postif et Gruyer, 1924.djvu/217

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il fut impossible au Frisé d’arrêter l’intarissable flot. Les trois hommes, réunis contre lui, l’inondaient de leurs discours philanthropiques, de leurs nobles et larmoyantes déclarations. Nul motif d’un gain sordide ne pouvait avoir place en leurs âmes. Leur devoir était de le sauver, lui, le Frisé, de lui-même et de son excessive bonté. La vertu doit seule régner sur le monde. Tous les hommes sont frères en elle. Et le trio s’envolait éperdument jusqu’à l’Empyrée, sur les ailes mystiques de l’idéal.

Le croupier, cependant, suait à grosses gouttes, s’emportait, criait, protestait et continuait à verser de larges rasades. Et la discussion recommençait, sans aucune chance d’aboutir désormais.

À deux heures du matin, Jim le Frisé s’avoua vaincu. Il prit successivement par les épaules les trois hommes titubants et les poussa dehors.

Une dernière fois, le trio qui, bras dessus, bras dessous, maintenait à grand peine son équilibre, se retourna vers lui.

— Le Frisé, émit Marc O’Brien, tu es un