Page:Londres - Au bagne.djvu/134

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mal pour le plaisir de faire mal. Mais il faut soutenir sa façade d’homme libre. Donc, un coup de pistolet, le soir, est vite tiré. Et on se sauve…

On va chercher du pétrole au Venezuela. J’ai saigné les balata. J’ai fait du caoutchouc. On m’a vu dans les massifs de l’Imataqua, à soixante kilomètres dans l’intérieur. Je gagnais ce que je voulais avec le quartz aurifère. Les belles cascades qu’il y a là ! Les vieux forts du temps des conquistadores hantent ses côtes. Mais on redescend. On a besoin de s’amuser. On a hâte de couper sa barbe à la Jean Hiroux. On a deux ou trois milles dollars en poche, de quoi être un homme : les villes sont là, les bars, les tripots, les femmes. On lave tout en une semaine.

Huit jours de folie font oublier les années de misère. Le bagne semble loin ! Et l’on remonte prospecter ou mourir.

Une fois, lors de ma seconde évasion (on ne croit jamais retourner au bagne, mais on compte tout seul. Un duel à la mexicaine, à Panama, m’avait fait découvrir. On me ramena à Saint-Laurent. Je dus donc m’évader encore), une fois que j’avais gagné, chez les Guatémaltèques et autres Nicaraguais, de très authentiques et très bons dollars, je partis me promener à New York. Passant, un soir d’été, dans un quartier ouvrier, je vis des familles, le père, la mère, les enfants, causant et jouant devant les portes. C’était honnête, c’était beau. Pourquoi ne deviendrais-tu pas cela ? me dis-