Page:Londres - Au bagne.djvu/146

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La fête continuant, les forçats sans abri allèrent au poste porter plainte pour tapage nocturne !

On se croirait au milieu d’une maison de fous en vadrouille.

« Petites bourses ! lit-on à la porte d’un Chinois, refaites vos forces par le vin de Bordeaux ! »

Une enseigne éclate en tête de tous les comptoirs, et dans ce pays d’intense misère, elle dit aux passants :

« Ici, on achète l’or. »

Une caisse noire bordée de blanc et montée sur roues, passe et repasse. Un forçat la tire, deux la poussent, c’est le corbillard.

Les soirs, un accord d’orgue s’élève. Cela ressemblerait aussi à un chant de pèlerins hystériques : ce sont les singes rouges qui hurlent dans la brousse.

Et tout à l’heure, à minuit, dans l’obscurité profonde, deux lanternes vénitiennes se balançant à une bicyclette, vinrent au devant de moi. L’homme qui montait la machine chantonnait. On aurait dit une petite fête solitaire. C’était un forçat qui se promenait…