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Les deux mots que l’on entend le plus souvent, au bagne, sont misère et camelote.

La camelote, c’est tout : paniers, cannes, tapis, coco sculpté, papillons. Les papillons ! C’est la grande affaire, l’évasion possible : le rouge vaut jusqu’à six francs à Saint-Laurent ; le bleu cinq francs. Les bagnards n’ont pas le droit de faire du papillon. Ils en font tous ! Il n’est que de partager les bénéfices avec le surveillant.


LE CAMP CHARVEIN


Ben Kadour, ayant poussé pendant vingt-deux kilomètres, s’arrêta et dit :

— Tiens ! voilà la capitale du crime.

C’était le camp Charvein.

Il fallait un chef à cette capitale. On en trouva un. Seul dans son carbet de célibataire, ce chef a pour horizon la brousse et pour genre humain les plus beaux produits de la crapule du bagne. Son règne est net, son esprit droit, sa main ferme. Il s’appelle Sorriaux.

Pas d’instruments de torture. Cela n’existe plus au bagne. Ici, pourtant, fonctionna le dernier : un manège où, sous le soleil, les hommes tournaient, tournaient.

C’est le camp des Incos.

L’homme de Charvein n’est plus un transporté, mais un disciplinaire. Tous les indomptables du