Page:Londres - Au bagne.djvu/162

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Puis le soir, 60 grammes de riz et fermez le ban !

— Mais, explique-lui mieux que ça. Fais-lui bien voir notre vie, dit Riton.

— Voilà ! Le travail est obligatoire. Nous devons le stère de bois par jour, pas un stère d’un mètre, mais d’un mètre cinquante. Il faut cinq heures à un homme fort.

— Les hommes libres travaillent huit heures, dis-je.

— Nous, nous gagnons quatre sous par jour, deux sous pour nous, deux sous pour le pécule.

— Il y en a qui gagnent six et huit sous, dit Riton.

— Les ouvriers d’art, c’est vrai. Alors que fait-on après le stère ? on vole ! Dans la vie libre, nous ne volions que de temps en temps, ici, nous volons tous les jours ; le vol est notre unique pensée.

— Pourquoi volez-vous ?

— Pour manger, monsieur. Je ne sais comment votre estomac est fait, mais le nôtre fut confectionné par papa et maman, tout simplement.

Riton aimait la précision : les explications de l’orateur manquaient de clarté à son goût, alors il dit :

— Moi je vais vous dire en deux mots et vous entendrez parce que vous n’êtes pas sourd. Eh bien ! d’après les règlements, nous devrions travailler, mais nous ne travaillons pas. Ce ne sont que les gourdes qui font le stère, les autres sont tous comme nous, des radiers (embusqués) ; le malheu-