Page:Londres - Au bagne.djvu/226

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Le convoi débarquait sans cesse par deux échelles.

Parmi ces frustes, un homme tranchait. Il portait lunettes bordées d’écaille. C’était un garçon de famille, pas de ceux du bagne ! Il regardait ses compagnons comme s’il ne les avait jamais vus. Sa pensée était transparente : « Qu’est-ce que je fais dans ce troupeau ? »

— Allons ! serrez ! serrez !

Il serra comme les autres.

Voilà une bonne vieille bille d’Arabe. Il vient là comme il irait ailleurs, du moins l’imagine-t-on.

Cette fois, un moribond apparaît, porté sous les bras et par les pieds. On le pose sur le wharf.

— Oh ! fait le malheureux.

Il a la fièvre typhoïde.

— Mais c’est un cadavre ! dit le commandant.

— Pas encore, répond l’infirmier.

— Doucement, doucement ; crie un surveillant.

Et le squelette fait son entrée au bagne sur une civière.

Les rangs sont formés. On n’attend plus qu’un ataxique soutenu par deux camarades ; il marche aussi vite qu’il peut. C’est fait. Il a rejoint le troupeau.

On avait compté le gibier au fur et à mesure.

— Six cent soixante-trois debout, cinq dans le