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ÉVANGÉLINE

« Pourquoi toujours l’attendre et l’adorer toujours ?
« Il a peut-être, lui, renié ses amours.
« Et n’est-il pas d’ailleurs, dans nos petits villages,
« Des garçons aussi beaux et même d’aussi sages ?
« Combien seraient heureux de vivre auprès de toi !
« Tu charmerais leur vie : ils béniraient ta loi.
« Et Baptiste Leblanc, le fils du vieux notaire,
« A pour toi tant d’amour qu’il ne saurait le taire ;
« Donne-lui le bonheur en lui donnant ta main,
« Et que dès ici-bas ta peine ait une fin. »
À ceux qui lui tenaient ce discours raisonnable,
Elle disait pourtant : « Oh ! je serais coupable !
« Puis-je donner ma main à qui n’a point mon cœur ?
« L’amour est un flambeau dont la vive lueur
« Éclaire et fait briller les sentiers de la vie,
« L’âme qui n’aime pas au deuil est asservie ;
« Le lien qui l’enchaîne est un lien d’airain.
« Et pour elle le ciel ne peut être serein. »