Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/104

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offrons aux parents. Or, dans le cas proposé, l’instruction serait gratuite en ce qui nous concerne, elle ne le serait pas pour les familles.

Ces distinctions subtiles sont-elles en effet conformes, je ne dis pas à la lettre, mais à l’esprit de leurs statuts ? Je ne le crois pas, et j’oserais invoquer l’autorité du fondateur lui-même. Si le vénérable abbé de Lasalle pouvait siéger aujourd’hui dans le conseil des frères, et qu’on lui demandât son avis dans les circonstances nouvelles qui sont nées de la loi, croit-on qu’il opinât pour une résistance qui peut rendre impossible le bien qu’il a prétendu faire, ou qu’il conseillât des voies de conciliation pour mieux y réussir ? Je ne doute pas qu’il n’acceptât lui-même la loi comme un bienfait, et qu’il ne se hâtât d’accommoder à ses dispositions, qu’il n’avait pas prévues, des statuts établis pour les seules circonstances qu’il était donné à la prudence humaine de prévoir. Que parlez vous, leur dirait-il, de gratuité absolue ? Serait-ce que votre amour-propre, qui ne s’offense point de recevoir les dons de la commune, rougirait d’accepter cette offrande, de la main des enfants, et que la charité d’un conseil municipal vous plaît davantage parce qu’elle ressemble moins à une aumône ? En ce cas, mes frères, cette velléité d’orgueil dérogerait bien plus à nos statuts que les arrangements qu’on vous propose. Serait-ce qu’en effet vous croyez l’instruction plus gratuite pour la commune, lorsque les familles la paient au percepteur sous la forme d’un impôt que lorsqu’elles en acquittent le prix entre les mains du directeur de l’école ? Apprenez à mieux comprendre ces statuts que vous trahissez en croyant les défendre. L’instruction du peuple est notre but : clercs ou laïques, les blancs ou les bleus, tous ceux qui secondent notre œuvre sont nos amis : nos ennemis ceux qui l’empêchent (271).