Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/255

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tendrait dans son application à corroborer le système si opiniâtrement attaqué de la centralisation. À notre avis, le plus grand obstacle matériel à la propagation de l’instruction élémentaire naît du défaut de communication du centre d’une commune à l’autre et même souvent avec le chef-lieu du canton.

Pyrénées-Orientales ; arr. de Perpignan, cant. de Prades et de Vinça. — Dans tout cet arrondissement, les communes situées le long de la voie principale qui le traverse dans sa longueur, Ille, Vinça, Marquixanes, Prades, Villefranche, Lerdynia, Alette, la Cabanasse, Saillagouse, Bourg-Madame possèdent des écoles ; tandis que celles qui sont écartées des communications, sur des collines montueuses ou dans des vallées profondes, quoique suffisamment peuplées, comme Boule-d’Amont, la vallée d’Urbaya, Py, Aiguatébia, etc., n’ont aucun moyen pour donner l’instruction à leurs rejetons.

Manche ; cant. de Saint-Malo-de-la-Lande. — On trouve partout, dans ce canton, surtout dans les communes du littoral, où les jeunes gens embrassent pour la plupart la profession de marin, plus de goût pour l’instruction.

Moselle ; arr. de Sarreguemines, cant. de Forbach. — M. le Ministre, en aidant surtout les communes indigentes, opèrerait un grand bien, surtout dans les villages de la frontière, où la contrebande, faite aussi par les enfants, démoralise les populations.

Nord ; arr. de Douai, cant. d’Orchies. — À huit ans, les enfants quittent l’école et commencent le métier de contrebandier. La contrebande se fait dans ce canton d’une manière effrayante ; le nombre de ceux qui s’y livrent est très-considérable, surtout depuis quelques années, et l’on voit des enfants de huit à dix ans, tantôt seuls, tantôt organisés en bandes, traverser les chemins frayés et non frayés, chargés de quelques livres de tabac. En vain, les magistrats municipaux tentent-ils de ramener cette jeunesse aux écoles ; leur autorité et leurs conseils ne peuvent rien ; on leur répond même parfois qu’ils n’ont pas eu d’autre manière de s’enrichir. Les ecclésiastiques sont sans influence auprès des gens de cette espèce. Il serait d’ailleurs difficile de les éloigner d’un genre de vie qui est beaucoup plus lucratif pour eux que les travaux de la campagne. Cet état de chose, vraiment déplorable, mérite de fixer l’attention de l’autorité supérieure, et demande un remède prompt et efficace. Une portion assez considérable de la population de ce canton grandit actuellement sans principes religieux et sans instruction, s’accoutumant de bonne heure à une vie sauvage et vagabonde, et ne nous