Page:Lorain - Tableau de l’instruction primaire en France.djvu/421

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tituteurs se plaignent que, tant que les enfants n’ont pas fait leur première communion, il leur est presque impossible de leur faire apprendre autre chose que le Catéchisme. D’après les instances de MM. les curés, je leur ai donné des conseils propres à leur faire concilier ce qu’ils doivent à cette partie de l’enseignement avec le reste.

Hautes-Alpes ; arr. d’Embrun ; cant. d’Aiguilles. — Le clergé a, dans tout le canton d’Aiguilles, une influence dont il a abuse plus d’une fois. La plupart des prêtres exigent, assez rigoureusement, que les instituteurs conduisent, chaque jour, leurs élèves à la messe, sur les dix heures du matin ; et à la prière, qui est suivie d’une instruction, le soir, sur les quatre ou cinq heures. Indépendamment du temps que ces exercices occupent, ils ont l’inconvénient d’exposer à des maladies les élèves qui passent subitement d’écuries fort chaudes dans des églises plus ou moins froides.

Doubs ; arr. de Beaune, cant. de Clerval. — Souvent le curé dit sa messe pendant le temps consacré à la classe, et il veut que le maître y conduise les enfants : je me suis efforcé de concilier les exigences du desservant avec les intérêts des jeunes gens ; mais je n’ose compter sur le succès.

Meurthe ; arr. de Lunéville. — Partout où les curés portent de l’intérêt au développement de l’instruction, et, par conséquent, s’occupent des écoles, on remarque des résultats bien plus satisfaisants qu’ailleurs. Mais il en est qui ne paraissent que très-rarement dans les écoles, et d’autres qui, par leurs exigences, compromettent les succès des instituteurs. Dans plusieurs communes, les curés viennent faire la leçon du catéchisme à l’école, à des heures non fixées, et interrompent ainsi les autres leçons commencées. D’autres, disant leur messe, tantôt à une heure, tantôt à une autre, exigent que l’instituteur y conduise, tous les jours, ses élèves. Le maître ne commence aucune leçon qu’il soit sûr d’achever sans être interrompu. Cependant, les curés pourraient dire la messe avant ou après la tenue des classes ; et, d’ailleurs, les enfants pourraient bien n’y assister que les jeudis et les dimanches. Les instituteurs n’osent résister à leurs exigences, mais, si l’autorité universitaire réclamait, auprès de l’autorité ecclésiastique, un règlement conforme aux besoins de l’instruction, dans les rapports qui existent entre les curés et les instituteurs, ceux-ci ne seraient point compromis, et leurs écoles, tenues avec plus de régularité, pourraient offrir des résultats plus avantageux. Ces observations ne doivent point s’appliquer aux curés en général ; on peut dire, au contraire, que la plupart exercent, sur les écoles, une influence des plus utiles à l’instruction.

Maine-et-Loire ; arr. de Beaupréau. — … L’influence du clergé, peu favorable à l’ordre de choses actuel, est toute puissante dans ces contrées. Toute innovation est reçue par eux avec une défiance qu’il sera très-difficile, pour ne pas dire impossible, de neutraliser.