Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/234

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tel était leur savoir qu’il ne se tenait pas une conversation sur toute la surface de l’île, si bas que l’on parlât, qu’ils ne connussent, si le vent venait à la surprendre ; de sorte qu’on ne pouvait leur nuire. [1]

Le second fléau, c’était un grand cri qui se faisait entendre chaque nuit de premier mai au-dessus de chaque foyer dans l’île de Bretagne ; il traversait le coeur des humains et leur causait une telle frayeur que les hommes en perdaient leurs couleurs et leurs forces ; les femmes, les enfants dans leur sein ; les jeunes gens et. les jeunes filles, leur raison. Animaux, arbres, terre, eaux, tout restait stérile. Voici en quoi consistait le troisième fléau : on avait beau réunir des provisions dans les cours du roi, y aurait-il eu pour un an de nourriture et de boisson, on n’en avait que ce qui se consommait la première nuit. Le premier fléau s’étalait au grand jour, mais il n’y avait personne à connaître la cause des deux autres ; aussi y avait-il plus d’espoir de se débarrasser du premier que du second ou du troisième. Le roi Lludd en conçut beaucoup de souci et d’inquiétude, ne sachant comment il pourrait s’en débarrasser. Il fit venir tous les nobles de ses domaines et leur demanda leur avis au sujet des mesures à prendre contre ces fléaux. Sur l’avis unanime de ses nobles, Lludd, fils de Beli, se décida à se rendre auprès de Llevelys, roi de France, qui était connu pour l’excellence

  1. La version du Greal ajoute : « et leurs pièces étaient d’argent de fée, mot à mot ’argent de nain’ : cet argent apparaissait de bonne qualité quand on le recevait, mais, quand on le gardait, il se transformait en morceaux de champignons, etc.