Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/235

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de ses conseils et sa sagesse, afin de lui demander avis.

Ils préparèrent une flotte, et cela en secret, sans bruit, de peur que le motif de leur expédition ne fut connu des envahisseurs, ou de qui que ce fût, à l’exception du roi et des conseillers. Quand ils furent prêts, Lludd et ceux qu’il avait choisis s’embarquèrent et commencèrent à sillonner les flots dans la direction de la France. En apprenant l’approche de cette flotte, Llevelys, qui ne savait pas la cause de l’expédition de son frère, s’avança du rivage opposé à sa rencontre avec une flotte très considérable. Ce que voyant, Lludd laissa tous ses navires au large, excepté un sur lequel il monta pour venir à la rencontre de son frère. Celui-ci vint aussi au-devant de lui avec un seul navire. Aussitôt réunis, ils s’embrassèrent et se saluèrent avec une tendresse toute fraternelle.

Lludd exposa à son frère le motif de son expédition ; Llevelys lui répondit qu’il connaissait les raisons de son voyage dans ce pays. Ils se concertèrent pour trouver un autre mode de conversation au sujet de leurs affaires, de façon que le vent ne pût arriver à leurs paroles et que les Corannieit ne pussent savoir ce qu’ils diraient. Llevelys fit faire, en conséquence, une grande corne de cuivre, et c’est à travers cette corne qu’ils s’entretinrent. Mais quoi que pût dire l’un deux à l’autre, elle ne lui rapportait [1] que des propos désagréables et de sens tout

  1. voir notes critiques