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pour soi-même. C’est désolant, ce que je vous dis là, mais c’est terriblement vrai.


XVI

Salonique, juin 1876.

C’était un bonheur de faire à Salonique ces corvées matinales qui vous mettaient à terre avant le lever du soleil. L’air était si léger, la fraîcheur si délicieuse, qu’on n’avait aucune peine à vivre ; on était comme pénétré de bien-être. Quelques Turcs commençaient à circuler, vêtus de robes rouges, vertes ou orange, sous les rues voûtées des bazars, à peine éclairées encore d’une demi-lueur transparente.

L’ingénieur Thompson jouait auprès de moi le rôle du confident d’opéra-comique, et nous avons bien couru ensemble par les vieilles rues de cette ville, aux heures les plus prohibées et dans les tenues les moins réglementaires.

Le soir, c’était pour les yeux un enchantement d’un autre genre : tout était rose ou doré. L’Olympe avait des teintes de braise ou de métal en