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fusion, et se réfléchissait dans une mer unie comme une glace. Aucune vapeur dans l’air : il semblait qu’il n’y avait plus d’atmosphère et que les montagnes se découpaient dans le vide, tant leurs arêtes les plus lointaines étaient nettes et décidées.

Nous étions souvent assis le soir sur les quais où se portait la foule, devant cette baie tranquille. Les orgues de Barbarie d’Orient y jouaient leurs airs bizarres, accompagnés de clochettes et de chapeaux chinois ; les cafedjis encombraient la voie publique de leurs petites tables toujours garnies, et ne suffisaient plus à servir les narguilhés, les skiros, le lokoum et le raki.

Samuel était heureux et fier quand nous l’invitions à notre table. Il rôdait alentour, pour me transmettre par signes convenus quelque rendez-vous d’Aziyadé, et je tremblais d’impatience en songeant à la nuit qui allait venir.


XVII

Salonique, juillet 1876.

Aziyadé avait dit à Samuel qu’il resterait cette nuit-là auprès de nous. Je la regardais faire avec