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PÉKIN AU PRINTEMPS.

noise et dont j’avais suivi les premières transformations. Lui-même, le colonel, habite tout auprès, dans le palais de la Rotonde, — et, en causant, nous découvrons que, pour son logis particulier, il a justement choisi, sans le savoir, le même kiosque où j’avais fait mon cabinet de travail, durant ces journées de lumière et de silence, à l’arrière-saison.

Nous nous en allons par la grande voie magnifique des cortèges et des empereurs, par les portes triples percées dans les colossales murailles rouges sous l’écrasement des donjons à meurtrières ; par les ponts de marbre, entre les gros lions de marbre au rire affreux, entre les vieux obélisques couleur d’ivoire où perchent des bêtes de rêve.

Et quand, après les cahots, le tapage et les foules, notre voiture glisse enfin librement sur les larges dalles de pierre, dans la relative solitude qui est la « Ville Jaune », toute cette magnificence, revue ce soir, me paraît plus que jamais condamnée et son temps plus révolu. Le Pékin impérial, dans son éternelle poussière,