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Page:Loti - Les Derniers Jours de Pékin, 1901.djvu/439

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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

a été réuni en lieu sûr par nos officiers. Deux d’entre eux viennent même d’être décorés pour ce sauvetage par l’Empereur de Chine[1], — et c’est là un des épisodes les plus singuliers de cette guerre anormale : le souverain du pays envahi décorant spontanément, par reconnaissance, des officiers de l’armée d’invasion…

Derrière ce temple enfin est le colossal tombeau.

Pour enfouir un empereur mort, les Chinois découpent un morceau dans une colline, comme on taillerait une portion dans un gâteau de Titans, l’isolent par d’immenses déblais, et puis l’entourent de remparts crénelés. Cela devient alors comme une citadelle massive, et dans la profondeur des terres, ils creusent le couloir sépulcral dont quelques initiés ont seuls le secret ; là, tout au bout, on dépose l’empereur, non momifié, qui doit se désagréger lentement dans un épais cercueil en cèdre laqué d’or. Ensuite, on mure à jamais la porte du souter-

  1. Le commandant de Fonssagrive, le capitaine Delclos.