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LES DERNIERS JOURS DE PÉKIN.

air ; il supporte une espèce de brûle-parfums, fait en une matière tragique et inconnue, et deux ou trois objets symboliques d’une rudesse intentionnelle. On reste confondu devant la forme étrange, la barbarie quasi primitive de ces dernières et suprêmes choses, là, tout près de ce seuil ; leur aspect est pour causer je ne sais quelle indéfinissable épouvante… De même, jadis, dans la sainte montagne de Nikko, où dorment les empereurs de l’ancien Japon, après la féerique magnificence des temples en laque d’or, devant la petite porte de bronze de chaque sépulcre, je m’étais heurté au mystère d’un autel de ce genre, supportant deux ou trois emblèmes frustes, inquiétants comme ceux-ci par leur fausse naïveté barbare…

Il y a, paraît-il, dans ces souterrains des Fils du Ciel, des trésors, des pierreries, du métal follement entassés. Les gens qui font autorité en matière de chinoiserie affirmaient à nos généraux qu’autour du cadavre d’un seul empereur, on aurait trouvé de quoi payer la rançon de guerre réclamée par l’Europe, et