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MADAME CHRYSANTÈME

… Quelle forme à part ils ont toujours, ces bouquets arrangés par Chrysanthème : quelque chose de difficile à définir, une sveltesse japonaise, une grâce apprêtée que nous ne saurions pas leur donner.

… Elle dormait à plat ventre sur les nattes, sa haute coiffure et ses épingles d’écaille faisant une saillie sur l’ensemble de son corps couché. La petite traîne de sa tunique prolongeait en queue sa personne délicate. Ses bras étaient étendus en croix, ses manches déployées comme des ailes — et sa longue guitare gisait à son côté.

Elle avait un air de fée morte. Ou bien encore elle ressemblait à quelque grande libellule bleue qui se serait abattue là et qu’on y aurait clouée.

Madame Prune, qui était montée derrière moi, toujours empressée, officieuse, manifesta par gestes des sentiments indignés, en voyant cette réception insouciante de Chrysanthème à son seigneur et maître, — et s’avança pour la réveiller.

— Gardez-vous-en bien, bonne madame Prune ! si vous saviez comme elle me plaît mieux ainsi !

J’avais laissé mes chaussures en bas, suivant l’usage, à côté des petits socques et des petites san-