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MADAME CHRYSANTHÈME

fumer de madame Prune, et ailleurs, les boites à fumer de tous les Japonais et de toutes les Japonaises, sont semblables, contiennent les mêmes choses disposées de la même façon, — et partout, au milieu des appartements pauvres ou riches, traînent par terre.)

Le mot « pipe » est bien trivial et surtout bien gros pour désigner ce mince tube d’argent, tout droit, au bout duquel, dans un récipient microscopique, on met une seule pincée de tabac blond, haché plus menu que des fils de soie.

Deux bouffées, trois au plus ; cela dure à peine quelques secondes, et la pipe est finie. — Ensuite, pan, pan, pan, pan, on frappe le tuyau très fort contre le rebord de la boîte à fumer, pour faire tomber cette cendre qui ne veut jamais sortir ; — et ce tapotage, qui s’entend partout, dans chaque maison, à n’importe quelle heure de la nuit ou du jour, drôle et rapide comme un grattement de singe, est au Japon un des bruits caractéristiques de la vie humaine…

Anata, nomimasé ! (Toi aussi, fume !) dit Chrysanthème.

Ayant rempli de nouveau la petite pipe agaçante,