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MADAME CHRYSANTHÈME

ont l’outrecuidance de nous causer du retard. — C’est bien, nous connaissons ce manège par cœur. Si cela l’impatiente, cette vieille dame, nous aussi. Chrysanthème, qui s’endort, est prise d’une série de petits bâillements de chat, qu’elle ne se donne même pas la peine de dissimuler avec sa main et qui n’en finissent plus. Elle fait une moue très longue à l’idée de cette côte si raide qu’il va falloir cette nuit remonter sous une pluie battante.

Je suis comme elle, cela m’ennuie bien. Et dans quel but, mon Dieu, grimper chaque soir jusqu’à ce faubourg, quand rien ne m’attire dans ce logis de là-haut ?…

L’ondée redouble ; comment allons-nous faire ?… Dehors passent des djins rapides, criant gare, éclaboussant les piétons, projetant, en traînées dans l’averse, les feux de leurs lanternes multicolores. Passent des mousmés et des vieilles dames, troussées, crottées, rieuses tout de même sous leurs parapluies de papier, échangeant des révérences et faisant claquer sur les pierres leurs socques de bois ; la rue est pleine d’un tapotement de sabots et d’un grésillement de pluie.

Passe aussi, par bonheur, 415, notre cousin