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MADAME CHRYSANTÈME

pauvre, qui s’arrête voyant notre détresse, et promet de nous tirer d’affaire : le temps d’aller déposer sur le quai un Anglais qu’il roule, et il reviendra à notre secours, avec tout ce qui est nécessaire à notre triste situation.

Enfin voici notre lanterne décrochée, allumée, payée. En face, il y a une autre boutique à laquelle nous nous arrêtons aussi chaque soir ; c’est chez madame L’Heure[1], la marchande de gaufres ; nous faisons toujours provision chez elle pour nous soutenir pendant la route. — Très sémillante cette pâtissière, et en frais de coquetterie avec nous ; elle forme vignette de paravent derrière ses piles de gâteaux agrémentées de petits bouquets. Abritons-nous sous son toit pour attendre, — et, à cause des gouttières qui tombent dru, plaquons-nous le plus possible contre son étalage de bonbons blancs ou roses, arrangés très artistement sur des branches de cyprès fines et fraîches.

Pauvre 415, quelle providence pour nous ! — Il reparait déjà, cet excellent cousin, toujours souriant, toujours courant, tandis que l’eau ruis-

  1. En japonais : Tôki-San.