Page:Loti - Madame Chrysanthème, 1899.djvu/163

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
147
MADAME CHRYSANTHÈME

sans bruit, s’insinuent, et bientôt on en trouve partout, sous la quille, à fond de cale, dans les trous, qui scient, tapotent, réparent.

Il fait une chaleur intense, dans ce lieu surplombé par des rochers et des fouillis de verdure.

Au grand soleil de deux heures, c’est une invasion plus étrange et plus jolie qui nous arrive : celle des scarabées et des papillons.

Des papillons extravagants, comme sur les éventails. Il y en a de tous noirs, qui se jettent contre nous par étourderie, si légers qu’on dirait de grandes ailes tremblotantes, attachées ensemble, sans corps.

Yves les regarde, étonné :

— Oh ! dit-il en prenant son air enfant, j’en ai vu un si grand tout à l’heure, un si grand… qu’il m’a épouvanté ; j’ai cru que c’était… une chauvesouris qui avait affaire à moi.

Un timonier, qui en a attrapé un très singulier, l’emporte, précieusement, pour le mettre à sécher dans son livre de signaux, comme on fait pour les fleurs.

Un autre matelot qui passe, portant son maigre