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MADAME CHRYSANTÈME

vieillesse verdâtre harmonise cet ensemble, qui est assurément centenaire.

Des familles de poissons rouges circulent là dans l’eau fraîche, et des petites tortues (sauteuses probablement) dorment sur les îlots de granit qui sont d’une nuance pareille à leur carapace grise.

Il y a même des libellules bleues qui se risquent à descendre, on ne sait d’où, et se posent avec de légers tremblements d’ailes sur les nénufars en miniature.


Nos amis bonzes, malgré une certaine onction ecclésiastique, rient volontiers, d’un rire très bon enfant ; dodus, joufflus, tondus, ils ne s’effarouchent de rien et aiment assez nos liqueurs françaises.

Nous causons de choses et d’autres. Au bruit tranquille de leur petite cascade, je risque devant eux des phrases d’un japonais érudit, j’essaie des temps de verbe à effet : des désidératifs, des concessifs, des hypothétiques en ba. Tout en devisant, ils expédient les affaires de l’église, des ordres d’offices, cachetés de sceaux compliqués, pour