Page:Loti - Madame Chrysanthème, 1899.djvu/274

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
258
MADAME CHRYSANTÈME

mousmés écoutent. Cela devient rapide, avec un tremblement de fièvre, et son regard n’a plus du tout l’insignifiance des poupées. Cela se change en bruit de vent, en rires affreux de masques, en plaintes déchirantes, en pleurs, — et ses prunelles dilatées fixent en dedans d’elle-même des japoneries indicibles.

Je l’écoute, étendu, les yeux à demi fermés, regardant entre mes cils, qui s’abaissent avec une lourdeur involontaire, regardant de très haut un énorme soleil rouge mourir sur Nagasaki. J’ai l’impression assez mélancolique d’un effacement, d’un recul de toute ma vie passée et de tous les autres lieux de la terre. À cette tombée de nuit, je me sens presque chez moi dans ce coin de Japon, au milieu des jardins de ce faubourg ; — et cela ne m’était jamais arrivé encore…