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MADAME CHRYSANTÈME

c’est un peu dans ce but que je l’ai fait asseoir, et je ne sais comment m’y prendre, pour ne pas le blesser et pour n’être pas ridicule. Du reste, l’air pur qui passe ici et le paysage grandiose qui est sous mes pieds me rassénèrent déjà beaucoup, me font prendre en dédaigneuse pitié mes soupçons et leur cause…

Nous nous entretenons d’abord de cet ordre de départ, pour la Chine ou pour la France, qui peut nous arriver d’un moment à l’autre. Il va falloir quitter bientôt cette vie facile et presque amusante, ce faubourg nippon où le hasard nous a fait camper, et notre maisonnette au milieu des fleurs. Yves regrettera ces choses plus que moi-même, je le comprends bien : car, pour lui, c’est la première fois que pareil intermède vient couper sa carrière rude. Jadis, dans les grades inférieurs, il n’allait presque jamais à terre, en pays exotique, pas plus que les goélands du large ; tandis que de tout temps j’ai été gâté, moi, par des petits logis autrement charmants que celui-ci, dans toute sorte de contrées dont le souvenir me trouble encore.

Et je me risque à lui dire, pour voir :

— Tu auras peut-être plus de chagrin que