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MADAME CHRYSANTHÈME

nule et ressemble à un jeune oiseau ; la plus mignonne de la bande, celle-ci, mariée à X***, un blond septentrional qui l’adore : c’est le couple amoureux et inséparable ; les seuls qui vont pleurer peut-être quand l’heure du départ viendra. Puis encore Sikou-San, avec le docteur Y***. Et enfin l’aspirant Z** avec la petite, la minuscule madame Touki-San ; haute comme une demi-botte, celle-ci ; treize ans au plus, et déjà femme, importante, pétulante, commère. Dans mon enfance, on me menait quelquefois au théâtre des Animaux savants ; il y avait là une certaine madame de Pompadour, un grand premier rôle, qui était une guenon empanachée et que je vois encore. Cette Touki-San me la rappelle.

Le soir, tout ce monde vient généralement nous chercher, pour une grande promenade aux lanternes qui se fait maintenant en cortège. Ma femme, à moi, plus sérieuse, plus triste, plus distinguée peut-être, appartenant, je crois, à une classe un peu meilleure, s’essaie à jouer à la maîtresse de maison quand ces amis arrivent. Et c’est comique de voir entrer tous ces couples mal assortis, unis pour un jour ; les dames avec leurs révé-