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MADAME CHRYSANTHÈME

rences articulées, tombant à quatre pattes, en trois temps, devant Chrysanthème, la reine de céans.

On se met en route quand la bande est au complet ; on s’en va, bras dessus bras dessous, à la queue leu leu, portant toujours, au bout de bâtonnets en bambou, des petites lanternes blanches ou rouges ; — et c’est gentil, paraît-il…

Il faut descendre par cette espèce de rue, ou plutôt de chemin en dégringolade de chèvre, qui mène dans le vieux Nagasaki japonais, — avec la perspective, hélas ! qu’il faudra remonter tout cela cette nuit ; remonter toutes les marches, toutes les pentes où l’on glisse, toutes les pierres où l’on trébuche, avant de rentrer chez soi, de se coucher et de dormir. — On descend dans l’obscurité, sous des branches, sous des feuillages, entre des jardins noirs, entre de vieilles maisonnettes jetant peu de lumière sur la route ; les lanternes ne sont pas de trop, quand la lune est absente ou voilée.

Enfin on arrive en bas, et là brusquement, sans transition, on débouche en plein Nagasaki, dans une rue longue et illuminée, encombrée de monde, où passent à toutes jambes des djins qui crient, où brillent et tremblent au vent des milliers de