Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/106

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autrui ce que tu ne voudrais pas qui te fût fait », n’a pas besoin d’être démontré à l’aide de miracles et n’exige pas un acte de foi, car il est convaincant par lui-même et satisfait à la fois l’intelligence et l’instinct humain ; tandis que la divinité de Jésus avait besoin d’être prouvée par des miracles absolument incompréhensibles. Plus d*éléments merveilleux se mêlaient à la doctrine, plus elle s’écartait de son sens et devenait obscure, plus il fallait affirmer avec force son infaillibilité et plus elle devenait incompréhensible.

C’est ce qui s’est passé dans les premiers temps, et cela a continué en augmentant toujours et en arrivant, à notre époque, aux dogmes de la transsubstantiation et de l’infaillibilité de soi-disant représentants de Jésus et à l’exigence d’une foi aveugle, incompréhensible jusqu’au non-sens, non pas à la doctrine de Jésus, mais à une personne, comme dans le catholicisme, ou à des personnes, comme dans l’orthodoxie, ou en un livre, comme dans le protestantisme.

Plus le christianisme se répandait, plus il englobait une foule de gens non préparés, et moins on le comprenait. Plus on affirmait énergiquement l’infaillibilité de l’interprétation officielle, et moins il devenait possible de pénétrer le véritable sens de la doctrine.

On fondait des églises basées sur la fausse interprétation de la doctrine de Jésus. L’Église est une société anonyme d’hommes qui prétendent posséder la vérité absolue. Or, toute Église, comme Église, a toujours été et ne peut pas ne pas être une institution non seulement étrangère, mais directement