Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/13

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sourire, je ne saurais pas ce qu’est la tristesse[1] ! »

On raconte[2] que souvent dans les soirées dansantes, la jeune princesse réunissait les jeunes filles dans le « salon des dames » et leur racontait des contes imaginaires. Les cavaliers attendaient vainement leurs danseuses : elles ne pouvaient se décider à abandonner les contes de la princesse Volchonsky. L’imagination créatrice de Tolstoï lui vient donc de sa mère.

Peu de temps avant sa mort, on parlait en famille de la laideur de son fils qui ne fut jamais beau : de petits yeux, un front bas et droit, etc. La mère s’efforçait de découvrir chez lui quelque chose de bien ; elle disait que le petit Léon avait des yeux intelligents, un joli sourire… À la fin, vaincue par les arguments des autres, elle avoua son tort ; mais prenant son fils dans ses bras, elle lui dit : « Rappelle-toi, chéri, que personne ne t’aimera jamais pour ta figure. Ainsi, tâche d’être brave et d’avoir beaucoup d’esprit[3]. » Cette laideur froissa toujours l’amour-propre de Tolstoï. Avant d’entrer à l’Université, il s’exprime ainsi : « Je suis laid et je continue à m’en désoler. Je tâche d’avoir l’air original. On dit que j’ai une laideur intelligente[4]. »

C’est dans la laideur physique de Tolstoï que nous pouvons trouver la cause de sa timidité. Car jusqu’à sa conversion qui amena le changement complet de sa vie, Tolstoï resta toujours un timide. C’est la

  1. Enfance.
  2. Solowiow.
  3. Enfance.
  4. Adolescence.