Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/58

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— Nul.

Dans les sciences positives, expérimentales, partout Tolstoï trouvait la même réponse négative.

— Quel est le sens de ma vie ?

— Nul.

— Qu’est-ce qui sortira de ma vie ?

— Rien.

— Pourquoi existe tout ce qui existe et pourquoi est-ce que j’existe ?

— Parce que tu existes.

Les sciences ignorent le sens de la vie. Elles disent :

— Si tu as besoin de connaître les lois de la lumière et des compositions chimiques, les lois du développement des organismes ; si tu as besoin de connaître les lois de ton esprit, nous avons pour cela des réponses claires, précises et incontestables. Mais, nous ignorons pourquoi tu vis et le sens de la vie : nous ne nous en occupons pas.

Et la même réponse négative chez les philosophes :

« La vie du corps est un mal. L’abolition de cette vie du corps est un bien, » dit Socrate.

« Le passage au néant est le seul bien de la vie, » dit Schopenhauer.

« Tout est vanité. L’homme mourra et il n’en restera rien, » dit Salomon.

« Il faut se délivrer de la vie, » dit Bouddha.

Les incursions de Tolstoï dans le domaine des sciences, dans le domaine de la pensée, non seulement ne le débarrassèrent pas de son désespoir, mais l’augmentèrent encore.

— Mais quel sens donnent à la vie, et lui donnaient tous les milliards d’êtres qui vivent et ont vécu sur la