Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/59

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terre ? Pourquoi les autres vivent-ils et ne pensent-ils jamais au sens de la vie ? Ils le connaissent donc ?

Tout le peuple avait la connaissance de la vérité ; c’était indubitable, puisque ; autrement, il n’aurait pas pu vivre !…

Ayant considéré toute l’humanité, Tolstoï vit que les hommes vivaient en affirmant qu’ils connaissaient le sens de la vie.

— Où donc le puisent-ils ?

— Dans la foi !

Il s’adressa à la foi.

Ce qui le frappa, c’est que malgré toute l’absurdité et la monstruosité des réponses fournies par la foi, celle-ci a le privilège d’introduire dans chaque réponse la relation du fini à l’infini. La foi explique l’union des actions des hommes avec Dieu, c’est-à-dire avec l’Infini.

— Que suis-je ?

— Le fini, répond la science.

— Une partie de l’infini, répond la foi.

Tolstoï comprenait parfaitement l’absurdité de la foi, mais il ne pouvait pas ne pas reconnaître qu’elle fournissait à l’humanité les réponses aux questions de la vie et, par conséquent, la possibilité de vivre.

« Ainsi la foi, se dit-il, offre la possibilité de la vie. Quelle qu’elle soit, la foi répond à tous que la vie, quoique mortelle, est infinie ; et que, ni les souffrances, ni les privations, ni la mort ne peuvent la détruire. Gela veut dire que ce n’est que dans la foi qu’on peut trouver le sens et la possibilité de la vie[1]. »

  1. Confession.