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LE MIROIR DES JOURS


Si vous m’aimiez !… Je sais : je ne mérite pas
Que votre pur amour se choisisse mon âme ;
Il est des cœurs plus beaux… mais aussi, chère femme,
Moins doux que le mien dans vos bras !

Quelle grandeur, si vous m’aimiez, et quelle joie !
Quelle autre gloire affamerait mes désirs fous ?
Dites, par votre bouche et vos yeux : M’aimez-vous ?
Que je vous entende et vous voie !

Si le mot que j’attends sur vos lèvres chantait,
Je n’aurais rien de plus à demander au monde :
Je posséderais tout dans votre amour profonde ;
Hors d’elle rien n’existerait !

Et je pourrais marcher le front clair chez les hommes,
Hautain dans ma fortune, orgueilleux dans ma foi,
Disant : S’il est ici quelqu’un plus haut que moi,
Plus fort et plus grand, qu’il se nomme !