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LES SECTES À L’ENCAN.

Le philosophe. Je m’abstiens et ne décide pas la question.

Le marchand. Malgré cela, suis-moi ; car tu es mon esclave.

Le philosophe. Qui sait si tu dis vrai[1] ?

Le marchand. Le crieur, l’argent et le monde qui est ici.

Le philosophe. Y a-t-il du monde ici ?

Le marchand. Je vais tout à l’heure te conduire au moulin, et te faire voir que je suis ton maître, grâce au raisonnement qui fait gagner la mauvaise cause[2].

Le philosophe. Je ne décide pas la question.

Le marchand. Et moi, par Jupiter, je la tranche[3] !

Mercure. Allons ! cesse de t’entêter, et suis ton acquéreur. Vous autres, nous vous invitons pour demain matin. Nous mettrons en vente les sectes ignorantes, ouvrières et de vil prix.



XV

LE PÊCHEUR OU LES RESSUSCITÉS.




LES PHILOSOPHES DU DIALOGUE PRÉCÉDENT ET QUELQUES

AUTRES, LUCIEN, LA VERTU, LA PHILOSOPHIE, LE SYLLOGISME,

LA CONVICTION, LA DÉMONSTRATION.

[1] Socrate. Chargez., chargez ; écrasez ce coquin d’une grêle de pierres ! Redoublez avec des mottes de terre : en avant les coquilles d’huître ! Tombez sur le scélérat à coups de bâton. Prenez garde qu’il n’échappe. Charge, Platon, et toi aussi, Chrysippe, et toi encore ; faisons la tortue contre lui :

        Bâton, aide bâton ; bésace, aide besace[4].

  1. Cf. Molière, Mariage forcé, sc. viii, éd. de Ch. Lahure, t. I.
  2. Voy. Aristophane, Nuées, passim. Platon, Socrate, Cicéron, Lucien, l’empereur Julien, Tzetzès, offrent de nombreux passages relatifs à ce procédé des rhéteurs. Cf. notre Thèse, latine : De ludicris apud veteres laudationibus, p. 22.
  3. Il le frappe.
  4. Parodie de l’Iliade, II, v. 363.