de vous faire disparaître, je ne le ferais pas ? Mais, mon garçon, vous me jugez trop sot !
— Excusez-moi, dit Fougnasse, mais le délit pour lequel vous voulez me faire chanter a été commis au préjudice de ces Messieurs et non au vôtre et ces Messieurs ne portent pas plainte.
— Gros malin ! il y a pensé. Mais les ouvriers et la cantinière porteront plainte. Vous comprenez.
L’avocat soupira.
— C’est bien votre faute, fit-il, si j’ai renoué avec vos adversaires. Pourquoi ne m’avez-vous pas utilisé ? Il faut que je vive ; à Clermont, pas de causes à plaider, il y a plus d’avocats que de clients ; Blinkine m’a apporté le pain.
— Ma foi, dit Bernard, votre remarque n’est pas sans valeur. Mais je ne vous ai pas utilisé parce que je n’ai rien dans vos cordes ; à quoi pouvez-vous m’être utile ?
— À ce que vous voudrez, fit l’autre avec ferveur, à ce que vous voudrez. Employez-moi, je vous en supplie, vous n’aurez pas de meilleur auxiliaire
— Je ne vois rien, dit Bernard qui feignait de réfléchir. Non, rien… À moins que… Mais je ne sais pas si vous pourriez faire cela.
— Quoi ? quoi ? demanda Fougnasse qui sentait renaître l’espoir.
— Il s’agit d’un journal financier que créent des amis à moi ; ils voudraient bien m’en voir assumer la charge,