Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
135
LE FINANCIER RABEVEL

sont toujours susceptibles de mauvaises interprétations. Il est donc nécessaire de prendre toutes ses précautions. Tâchez de vous rendre méconnaissable. Vous m’avez dit un jour incidemment que vous parliez l’espagnol. Vous changerez donc de nom et devenez un senor vénézuélien du nom qu’il vous plaira, Monsieur Ranquillos par exemple : ça va ? Vous allez être directeur général d’une grosse affaire. Il faut commencer par vous installer à Paris, chercher des bureaux et le personnel que je vous indiquerai ; vous êtes heureusement célibataire ; coupez tous liens avec le pays natal. Annoncez à vos proches que vous partez pour l’Espagne afin d’y étudier une affaire ; nous ferons envoyer vos lettres de ce pays aux quelques parents et amis que vous ne pouvez laisser tomber. Pour que la confiance nécessaire entre nous dans la grosse affaire que nous allons entreprendre règne totalement, il ne faut pas que je puisse craindre que vous me trahirez. Alors, vous allez m’écrire une petite lettre de menace que je vais vous dicter. C’est ma sauvegarde, vous comprenez…

Bartuel hésitait visiblement. Rabevel ne parut pas s’en apercevoir ; il préparait du papier et de l’encre.

— Du papier acheté dans une petite épicerie de Montrouge bien entendu. Tenez, voici la plume. Ah ! une belle affaire, je ne serais pas étonné qu’il y eût cent billets de mille pour vous. Et, bien entendu, avec un peu de prudence, cela sera sans aucun risque.

Bartuel s’était assis. Il écrivit sous la dictée de Bernard