Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
173
LE FINANCIER RABEVEL

l’épouse, hélas ! non, mais pourtant la femme qui était sienne, suivait ses pensées sur ses traits. Ils soupirèrent ensemble et puis, ensemble sourirent avec désolation de ce triste accord.

— Tu n’oublies pas que c’est demain le 20 Mars ? demanda-t-elle.

— Hélas ! ce départ est-il donc irrévocable. ?… Je viendrai t’accompagner à la gare.

— « Plus loin, Bernard, si tu veux ». Elle était un peu confuse. « Le Père Régard m’autorise à te garder jusqu’à la Commanderie. N’est-ce pas, Abraham ? »

— Oui, le Père a pensé qu’il ne serait pas mauvais pour toi de connaître le cadre où Angèle va vivre désormais.

— Ah ! je veux bien, s’écria Bernard avec chaleur. Tu as ton billet ?

— « Mais non, mon amour ». Elle rougit et se reprit : « Veux-tu t’occuper de tout ?

— Si je veux !…

Il l’embrassa de nouveau, tout plein de joie à l’idée de ce voyage avec elle. Le soir, au dîner, il annonça aux Orsat qu’il allait être absent deux ou trois jours ; un voyage d’études pour une affaire qui pouvait être intéressante. Il fallut quelque diplomatie pour empêcher Reine de venir l’accompagner à la gare et Mr. Orsat de se distraire en faisant avec lui ce déplacement. La jeune fille tout attristée par ce départ eut quelques larmes qui touchèrent Bernard ; il la considéra avec tendresse ; elle était parfaite : douce,